Première note de réflexion …

Projet pour un atelier d’urbanisme des quatre arrondissements

du centre de Paris                                                  Version avril  2017

L’idée de créer un groupe de réflexion sur l’urbanisme et le cadre de vie pour les quatre arrondissements (1er, 2ème, 3ème, 4ème arrondissements) de Paris a fait l’objet de plusieurs réunions depuis le mois de décembre 2016.

Les principes

Démocratiser les pratiques de l’urbanisme en associant les habitants. Il s’agit de créer une association de la loi de 1901 regroupant des habitants des quartiers concernés dont certains, mais pas tous, peuvent être des professionnels de l’urbanisme (architectes, urbanistes, techniciens des métiers de la ville, etc.) ainsi que toutes personnes s’étant investies dans ces arrondissements.

Né du projet de la Ville de Paris d’un rapprochement politique et administratif de ces quatre arrondissements, cette structure doit contribuer à lui donner sa dimension démocratique et sociétale dans un territoire partagé.

Les objectifs

Les objectifs de cet Atelier d’Urbanisme du Centre de Paris (AUCP 1234) sont :

– créer une instance citoyenne pour réfléchir à l’avenir de ce « morceau de ville » dans l’esprit du développement durable et de la ville « sans carbone » de demain,

– participer à l’élaboration de projets où les habitants auraient toute leur place, en dialogue avec les élus et les services de la Ville.

Les méthodes

Cet atelier a vocation à devenir un espace de débat, de médiation et de propositions, sans pour autant assurer un rôle de maîtrise d’œuvre. Pour mener à bien les différents objectifs retenus, il conviendra :

De tenir des réunions régulières de l’association pour rassembler les idées, les questions et les propositions.

–  De participer aux Conseils de quartiers pour recueillir leurs propositions.

–  D’assurer un travail technique en interne pour acquérir la connaissance et permettre sa transmission.

–  D’instaurer un dialogue avec les élus concernés par ces thèmes.

– De formaliser des propositions et des échanges avec les différents acteurs (élus et habitants),

–  D’animer des groupes de travail. Le nouvel atelier d’urbanisme fera appel aux habitants  dans le cadre de groupes de travail ouverts à tous. Ils seront menés, aussi étroitement que possible avec les Conseils de Quartiers qui participent activement à l’amélioration du cadre de vie des arrondissements concernés.

– De rédiger des notes à l’attention des élus suite à leur demande ou pour répondre à des propositions des  habitants.

– D’analyser les études et projets sur l’ensemble du territoire (du projet d’ensemble aux projets localisés) afin d’aider à la prise de décision, en informant et coordonnant la société civile et en posant des alertes pour instaurer un dialogue.

Parallèlement à la démarche décrite ci-dessus, l’association pourra animer des réunions thématiques, espaces de débats et d’information, organisées sur des thèmes importants et intéressants pour les quartiers  du centre de Paris.

Les thèmes d’action

Les thèmes d’action possibles sont nombreux. On peut citer par exemple les trois suivants qui seront développés dans des notes thématiques jointes :

     1  – La connaissance, l’histoire, la formation, la culture :

  • Mieux faire connaître aux habitants ainsi qu’aux visiteurs et touristes, l’originalité et l’histoire de nos quartiers, etc.
  • L’école et la formation.
  • Les loisirs et la vie culturelle.

      2 – Les parcours et déplacements :

  • Assurer la réorganisation et le partage de l’espace public en vue de favoriser la vie locale et de susciter une appartenance à un même territoire.
  • Proposer des parcours pour favoriser les accès aux services, aux commerces et aux lieux touristiques, répondant aux besoins des habitants (santé, petite enfance, services sociaux et administratifs, commerces de proximité, etc.) et des visiteurs.
  • Proposer des modes déplacements doux (piétons, vélo), développer les transports publics économes en énergie, favoriser la diminution de la place de la voiture et adapter l’espace public aux handicaps….

           3 – L’habitat et le cadre de vie :

  • Accompagner les démarches favorisant les mixités (sociales, fonctionnelles, économiques…).
  • Contribuer au développement des logements sociaux.
  • Accompagner les projets de réhabilitation des logements en prenant en compte à la fois les problèmes sociaux, d’économies d’énergie et d’accessibilité.
  • Contribuer à l’amélioration du paysage urbain, par la requalification de délaissés, de bâtiments hors gabarit…
  • Sensibiliser les différents acteurs à la requalification d’espaces publics à caractère urbain (minéral, végétal, mobilier urbain…).

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NOTE 1

DIAGNOSTIC, CONNAISSANCE, HISTOIRE, FORMATION ET CULTURE

 

Les projets d’aménagement et plus généralement toutes les réflexions et démarches d’urbanisme ne peuvent s’envisager sans faire appel à l’histoire de la ville, des quartiers étudiés.

Il ne s’agit pas seulement de prendre en compte le patrimoine bâti ; il faut également considérer les autres apports de l’histoire sociale, économique, culturelle dans toutes ses dimensions.

Cette histoire est gravée dans nos quartiers du centre de Paris et constitue un préalable incontournable à tout mode d’intervention sur cet ensemble urbain remarquable.

 

  • Histoire du patrimoine bâti et paysager.

–  pas seulement celle des bâtiments et hôtels particuliers (très nombreux dans nos quatre arrondissements) d’une architecture de type aristocratique antérieure à 1789

 

–  mais aussi celle, témoin d’un architecture plus populaire, qui a  marqué la vie sociale, économique, artisanale et culturelle d’avant la Révolution mais surtout des XIXème  et  XXème  siècles.

 

identification et évolution des espaces publics.

 

  • Histoire politique, sociale et économique de nos quartiers dont les souvenirs et les traces sont nombreux.

 

Toutes ces empreintes marquées dans le tissu urbain mais qui ont plus généralement leur place dans l’histoire, la tradition et les souvenirs des habitants, doivent être présentes dans les travaux du futur AUCP et peuvent faire l’objet d’actions d’information, de sensibilisation et de formation, et intervention, en particulier, dans les établissements scolaires.

Au-delà des approches portant sur l’ensemble du tissus urbain, il sera réalisé, pour chaque projet que nous proposerons, un diagnostic portant sur l’évolution des lieux  et la mémoire imprégnant l’âme des quartiers.  Ce préalable a aussi pour but de révéler les atouts et dysfonctionnements spécifiques ou transversaux, l’ensemble constituant le socle sur lequel reposera le projet futur.

 

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NOTE 2

LES PARCOURS ET DEPLACEMENTS

 

  • Le territoire concerné.

 

Les quatre arrondissements sont irrigués et liaisonnés par un réseau d’infrastructures dont certaines sont anciennes et structurent l’histoire et l’évolution urbaine de ce territoire central patrimonial :

 

  • la Seine et ses berges basses reconquises pour le piéton et les vélos,
  • les quais hauts de l’Arsenal à la Concorde,
  • les grands axes est/ouest depuis l’époque médiévale jusqu’à Rambuteau et Haussmann,
  • les grands boulevards à l’emplacement de la fortification,
  • la maille historique des axes nord/sud reliant les ponts aux portes de Paris.

 

 

  • Les objectifs.

 

Ces lieux doivent être clairement identifiés, hiérarchisés (histoire, intérêt propre, qualité, perspectives, lieux de commerce et d’animation, etc.) pour permettre de créer des parcours thématiques répondant aux besoins des habitants, des travailleurs, des visiteurs, et d’améliorer les conditions d’accès pour tous les usagers et en particulier les Personnes à Mobilité Réduite et handicapés (malvoyants, non-voyants).

 

 

  • La mise en œuvre.

 

  • Développer la connaissance :

– cartographie,

– histoire des lieux,

– évolution urbaine.

 

  • Identification des espaces qualitatifs (atouts et dysfonctionnements) :

– les espaces emblématiques et remarquables,

– les grandes perspectives,

– les places et placettes,

– les jardins,

– les lieux de convivialité et de repos,

– les lieux de la vie quotidienne (typologie des rues commerçantes, les marchés et les occupations temporaires, les brocantes, le vide-grenier, le manège…),

– l’encombrement de l’espace public (terrasses, réseaux, mobilier urbain…),

– la maîtrise des niveaux de sols et des matériaux adaptés aux besoins des PMR et des personnes handicapées.

  • Les propositions, projet de parcours thématiques pour différentes populations :

– parcours touristiques,

– parcours des musées et des galeries,

– parcours des divertissements d’hier et d’aujourd’hui « flâneries sur les grands boulevards », les quais (les peintres, les poètes, les pêcheurs),

– parcours commerciaux,

– parcours scolaires plus sécuritaires,

– etc.

 

Deux axes de travail pourraient être proposés dans un premier temps sur le thème des parcours :

1) Le suivi de la mise en œuvre du parcours piéton Louvre-place-des-Vosges-Bastille proposé par l’ALU3 et retenu dans le cadre du Budget participatif de la Ville de Paris. Ce projet est en cours d’approfondissement par l’École d’architecture Paris Malaquais.

 

2) La reprise d’une réflexion pour un bus écologique de desserte locale interne aux arrondissements 1, 2, 3, 4, sur la base d’un travail antérieur de l’ALU3 et de l’association Le Quatrième en action. Un tel service paraît aujourd’hui d’actualité dans le cadre du projet de rapprochement administratif et politique de ces arrondissements.

 

 

 

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NOTE 3

HABITAT, MIXITÉS SOCIALE ET D’USAGE ET EVOLUTION DES MODES DE VIE

 

Nos arrondissements, autrefois aristocratiques dont l’habitat est ancien, ont pris peu à peu un caractère populaire dû, entre autre, à l’implantation d’activités artisanales, commerciales et industrielles qui s’est accentué tout au long du XIXème et au début du XXème siècle. Ils ont, par ailleurs, eu longtemps un rôle d’accueil pour des populations d’origine immigrée.

En raison de leur histoire, ils ont par ailleurs conservé une structure urbaine très minérale ne comportant que peu d’espaces verts.

Au cours des dernières décennies, on a assisté à une “reconquête” de ces quartiers anciens qui, en partie réhabilités, ont vu s’installer une population plus aisée. Ce mouvement démographique, accompagné d’une forte spéculation immobilière, a eu pour conséquence l’éviction de familles et personnes à revenus modestes qui n’ont pu se maintenir en raison des niveaux de prix du logement.

Il s’en est suivi un déséquilibre de la mixité sociale qui se poursuit et s’accentue aujourd’hui.  Or cette mixité caractérisait fortement  le vieux centre de Paris il y a encore quelques années.

Face à cette situation de déséquilibre dans un parc immobilier ancien ne disposant pas de réserves foncières et caractérisé par sa vétusté, il convient de repenser une politique de l’habitat et de l’espace public. Par exemple :

  • En mettant fortement l’accent sur l’habitat social. Des programmes importants ont été conduits dans ce sens au cours des années récentes mais il convient d’accentuer ce mouvement pour sauvegarder la mixité sociale en grand danger et contrer les tendances spéculatives actuelles ; ceci par différents moyens :

   –  La préemption, par la Ville, d’immeubles et de logements pour les transformer en logements sociaux ;

–   La recherche d’opportunités pour créer également des logements sociaux (par  exemple des ensembles fonciers/immobiliers appartenant au secteur public ou au secteur institutionnel, les délaissés et dents creuses, les surélévations d’immeuble, pouvant de ce fait accueillir de nouveaux logements) ;

–    Le développement de l’accueil dans le secteur privé de familles à revenus modestes dans le cadre de programmes d’intermédiation locative de type “Solibail” ou “Louez solidaire” ;

–    Les surélévations d’immeubles pouvant, de ce fait, accueillir de nouveaux logements.

 

  • En poursuivant et en développant la réhabilitation thermique du parc immobilier dans l’esprit de la COP 21. Lancer par exemple un vaste programme de réhabilitation de type “OPAH développement durable” dans le centre de Paris qui pourrait être un grand défi pour ‘ce morceau de ville ancienne’.

Ce programme aurait un triple objectif : économies d’énergies, développement social et accessibilité.

  • En accompagnant et en cherchant à guider les mutations économiques que connaît le centre Paris ; en facilitant la création d’emplois qui répondent au mieux aux caractéristiques locales (des bureaux mais pas n’importe lesquels), en favorisant l’innovation (les start-up…), l’artisanat, en développant les services de proximité (santé, aide à la personne…).

 

  • En suscitant des aménagements de l’espace public favorable à la vie locale, à la promenade, au paysage, aux loisirs, aux familles, aux enfants, aux personnes à mobilité réduite ou handicapées.

 

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